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LA FUGUE CHEZ LES
JEUNES EN DIFFICULTE
Introduction
Chacun
de nous se souvient, dans son jeune âge, de ces
moments douloureux où il n’ avait pas envie
d’aller puiser l’eau, où il ne voulait
pas manger de légumes, où il avait traîné le
pas pour aller où il était envoyé,
où il n’était pas rassasié et
aurait voulu que la maman donne encore à manger,
où il avait mouillé le lit, où il
ne voulait pas aller à l’école, où il
avait échoué aux examens, mal répondu à la
maman, cassé une assiette, un verre, une bouteille
ou une calebasse… Chacun peut se souvenir de la
colère du papa et/ou de la maman accompagnée
d’injures, de commentaires sarcastiques dont il
a été l’objet., mais surtout de la
brutalité effrayante qui a accompagné son
enfance : pili-pili aux yeux, fouets, coups, obligation
de quitter la maison ou la parcelle, privation de nourriture,
etc. Du coup, on s’est senti mal aimé, rejeté,
triste, isolé et fragilisé. L’enfance
est tellement belle qu’on oublie vite tous ces
traitements peu affectueux, mais qui ne nous marquent
pas moins pour la vie. Chacun a donc l’impression
d’avoir passé une enfance exceptionnelle,
ce qui peut être vrai, mais ne l’est pas
toujours.
A Kimwenza,
l’on est habitué à contempler ces nombreuses mamans qui
passent deux à trois jours dans la forêt à la recherche
du pondu ou du bois, et après une demie nuit devant Canisius, rentrent
vendre ce qu’elles ont trouvé. Aucune étude n’a
encore été menée sur le lien entre ces femmes, leurs enfants
et les enfants de la ou dans la rue. Il reste que ces femmes laissent seuls à la
maison de très jeunes enfants ou des adolescent(e)s qui doivent se débrouiller
pour contrer la faim. Et quand ces femmes rentrent à la maison, elles
ne sont pas les plus tendres du monde, loin de là. Les frustrations
d’une activité peu valorisante et très peu rentable sous-tendent
leur attitude à l’égard des enfants rongés par la
faim et qui pleurnichent.
Dans un
contexte restreint et fermé, à savoir le village, l’enfant
trouvait appui et réconfort auprès des membres de la famille élargie
ou des voisins, mais aussi auprès de ses pairs qui jouaient au coin
de la rue ou de la parcelle, ou auprès du parent plus réconfortant. De
toute façon, le contexte et les structures sociales traditionnelles
jouaient un grand rôle de garde-fou protecteur. En plus, la paix et surtout
l’initiation traditionnelle aux rôles sociaux et la présence
des grands-parents facilitaient un certain sens de responsabilité sociale.
Dans le milieu urbain où la famille ne cesse de
s’atomiser, mais surtout dans un contexte beaucoup
plus fermé (individualiste) du point de vue social,
chacun dans sa parcelle et il n’y a ni initiation,
ni grands-parents, l’indélicatesse, la sévérité ou
l’irresponsabilité des parents constituent
facilement les causes de l’errance et de la fugue
de certains enfants.
Le phénomène des enfants dans et de la
rue prend tellement de l’ampleur, qu’il est
urgent de bien le cerner afin de pouvoir bien l’endiguer.
Nous voulons donc tenter une première approche
pour ouvrir des voies et aider à ne pas soigner
toute maladie avec n’importe quel médicament.
Car, si face à une quelconque maladie, l’ardent
désir de l’homme est de guérir, il
ne faut pas administrer n’importe quel remède à n’importe
quel patient. Il ne faut pas non plus éluder le
problème humain brûlant en se cachant derrière
les présocratiques ou les métaphysiciens.
Il faudra que demain des philosophes réfléchissent
sur ce phénomène douloureux.
Quelles sont les causes éventuelles ?
Le phénomène des enfants dans et de la
rue est tiers-mondial. Ce n’est pas un cas isolé, ça
n’a rien à voir avec la guerre qui n’a
fait que l’exacerber. C’est un problème
qui n’a pas laissé indifférent les
chercheurs et qui ne doit pas laisser indifférents
les philosophes. L’augmentation du nombre des enfants
dans les rues soulève un questionnement important
dans le milieu scientifique sur la nature et les causes
du phénomène.
La présence ou mieux la vie des enfants dans les
rues est globalement qualifiée de fugue,
c’est-à-dire l’action de s’enfuir
momentanément du lieu où l’on vit
habituellement. C’est une absence qui se prolonge,
une échappée qui dure et finit par devenir
un état de vie. Celle-ci a été typiquement
décrite à la fois comme un trouble du comportement,
une forme de délinquance caractérisée
par la désobéissance et le passage à l’acte,
une indication de psychopathologie ou encore une manifestation
plus ou moins normale du développement adolescent.
Cependant, on la reconnaît davantage aujourd’hui
comme une réaction à divers facteurs dits
précipitants. Deux interprétations se présentent :
les enfants et/ou les jeunes fuient une situation intolérable
ou encore ils fuguent à la recherche d’un
milieu idéal. La durée de la situation
et de la fugue est relative, la fugue peut devenir un
mode de vie.
Dans la mesure où ces catégories ne peuvent
rendre compte de l’hétérogénéité des
enfants et adolescents fugueurs, la prise en considération
des motivations sous-jacentes à la fugue est
nécessaire pour comprendre la dynamique qui anime
les enfants et les jeunes en fugue. Nous recourons ici à quelques
spécialistes pour étayer notre argumentation.
Miller et Hoffman (1980) avaient proposé une typologie
plus détaillée basée sur deux grandes
motivations :
- une motivation liée à une
réaction au comportement parental
- une motivation liée au jeune
lui-même.
Six types de fugueurs ont alors été identifiés.
Peu importe le type de fugue considéré,
une recension des écrits des quarante dernières
années a permis la mise en lumière d’une
dynamique récurrente que Appathurai (1991) a décrite
en termes de désengagement et de détachement.
C’est bien l’identification de cette dynamique
qui détermine et dirige l’intervention vers
une tentative de mobilisation des enfants et des jeunes
en difficulté dans les milieux familial, communautaire
ou d’accueil.
Fugue et comportement parental
Parmi les enfants qui fuient le milieu de vie habituel
pour la rue, on peut distinguer :
- Les victimes dont le motif
de l’échappée est associé à la
violence physique subie de la part des parents
- Les exilés dont le motif de
l’escapade réfère à un
sentiment de rejet et de ne pas être désiré par
les parents
- Les rebelles qui attribuent leur équipée à de
sérieux conflits d’autorité avec
les parents.
Fugue et l’enfant ou le jeune lui-même
- Les fugitifs dont la fugue vise à éviter
les sanctions suivant des actes réprouvés
par le milieu et la société,
- Les réfugiés dont la
fuite plutôt est une réaction
au contrôle social établi,
- Les migrants dont l’équipée
prend le sens d’une revendication de liberté et
de prise en charge personnelle. Il s’agit davantage
d’une autonomisation que d’une fugue
au vrai sens du terme.
Nous pouvons simplifier ces six types en cinq groupes : les
fugueurs, les rejetés, les abandonnés,
les déserteurs et les enlevés.
Facteurs associés à la fugue
Nous
retrouvons de façon récurrente, parmi les
fugueurs, un ensemble de problématiques. Il semble
d’ailleurs que la prévalence de troubles
psychologiques et affectifs soit trois fois plus élevée
chez les fugueurs que chez les enfants et adolescents
non fugueurs (Robertson, 1989). A cet égard, les études
estiment que le pourcentage de fugueurs qui se droguent
est assez important ou échange des faveurs de
nature sexuelle contre un hébergement ou une intégration.
Plusieurs jeunes prostituées proviennent de cette
catégorie.
Facteurs
prédisposants et précipitants
Les
circonstances psychologiques qui conduisent à la
fugue sont similaires autant pour les fugues uniques
et à court terme que pour les fugues multiples
ou à long terme. Il convient d’abord de
signaler que toute enfance réclame beaucoup d’affection,
de sécurisation et que toute adolescence nécessite
du tact chez les parents pour une gestion harmonieuse
et réussie. Pour Freud, par exemple, nos cinq
premières années sont très déterminantes
dans le développement de la personnalité.
Le développement de la personnalité correspond
au développement psychosexuel de la personne.
En outre, tout enfant est un être très fragile
dont l’expression fondamentale est la pleur. Il
a besoin des personnes sûres qui garantissent sa
sécurité affective, alimentaire, sociale
et sanitaire.
Les besoins affectifs chez l’enfant sont très
importants et la réponse des parents détermine
la réaction heureuse ou malheureuse des enfants.
Personne n’aime être frustré outre
mesure, l’enfant et l’adolescent non plus.
Dès lors que les frustrations se multiplient,
la tendance à la fugue se renforce. L’adolescence
est caractérisée par le fait que le jeune
se découvre beau et amorce un processus d’affirmation
de soi, d’autocontemplation, de narcissisme en
même temps qu’il ressent l’envie d’une
expérience personnelle d’amitié.
Il doit vider l’affection qu’il avait pour
ses parents pour la porter sur un ami, il veut passer
le plus beau de son temps entre amis. La communication
avec les parents se réduit à quelques mots.
Il sort sans permission, il revient en retard, son comportement
et son attitude deviennent provocateurs vis-à-vis
des parents, parce qu’il veut s’affirmer,
s’émanciper, mais tout en restant en famille.
Pour se permettre un peu plus, l’adolescent peut
vouloir aller habiter chez un parent moins exigeant.
Le narcissisme est d’autant plus fort que l’adolescent
est très susceptible à la critique et aux
remarques négatives. Une mauvaise gestion de tous
ces comportements peut entraîner la fugue.
Kimmel et Weiner (1995) rapportent des problèmes persistants à la
maison et à l’école ainsi qu’un manque d’habileté à communiquer
efficacement de ces problèmes avec les pairs, les parents ou d’autres
adultes. Un ensemble de facteurs interactionnels semble bien en cause :
- à la maison, on observe fréquemment
un climat conflictuel : les parents, qui ne
s’aiment pas, sont typiquement incohérents
ou inefficaces pour gérer les comportements
de leurs enfants. Le niveau de tension familiale
est habituellement élevé. On
constate également la fréquence ou
la permanence de la violence verbale et physique.
Ainsi, plus l’atmosphère familiale est
lourde, moins les parents sont efficaces, plus fréquemment
les enfants vont fuguer et même plus longtemps
ils partiront.
- Aussi, le type d’encadrement
parental est souvent caractérisé par
les extrêmes : plusieurs enfants
fugueurs perçoivent souvent leurs parents
comme autoritaires, trop restrictifs et insensibles,
peu affectueux, distants, absents, indifférents
et non impliqués ou encore trop permissifs.
- Parmi les difficultés familiales
rencontrées, plusieurs enfants rapportent
avoir été battus, torturés,
brûlés, d’autres disent avoir été méprisés,
rejetés, chassés. Pour certains parents,
l’enfant les encombre, ils ne savent pas à qui
le confier pour se déplacer plus librement
dans ce monde sans mesures. L’enfant sent qu’il
est gênant !
- A l’école, plusieurs
enseignants ont des réactions et des sarcasmes
très destructifs pour les enfants qui en sortent
complètement détruits et souffrant
d’un complexe d’infériorité par
rapport à leurs pairs. Ce qui peut faciliter
la fuite pour tenter de se reconstruire sa personnalité.
- En effet, plusieurs études
relèvent que beaucoup d’enfants fugueurs
accusent des troubles d’apprentissage et des
troubles de comportement à l’école.
Leur histoire scolaire est souvent caractérisée
par des échecs répétés
et des redoublements. Quelque peu marginaux à l’école
comme à la maison, ces jeunes acquièrent
vite le sentiment que leur place est ailleurs.
Ils accumulent alors des sentiments de frustration,
de solitude et d’aliénation doublés
de blessures affectives plus ou moins profondes,
et la fugue apparaît comme solution dans un
milieu où on ne sait pas faire autrement.
La solitude et l’isolement conduisent vite à ce « plein
air » où l’être fragile
rumine ses souffrances et envisage de s’échapper.
Lors d’un accompagnement, une dame m’a dit
qu’elle tapait son enfant et lui mettait de pilipili
aux yeux et l’endormait ensuite avec des somnifères. Certains
d’entre nous ont connu ce genre de sanction accompagnée
d’injures et d’autres commentaires à forte
charge affective négative. L’enfant se croit
condamné pour de bon. Il intériorise les
méchancetés des parents et croit laid,
avec une grosse tête, des gros yeux, il croit qu’il
est ndoki, voleur, menteur, bon à rien, zoba,
lent, kilulu, etc.
Ces injures sont dévastatrices pour des êtres
encore en quête d’approbation et de confirmation
de soi. En effet, les réactions parentales
lui font croire que c’est sa faute, il a envie
de se mépriser, il se sent indigne de rester tel
en famille. Automatiquement, l’enfant établit
une relation négative avec lui-même, il
se sous-estime et se déprécie, il ne s’accepte
pas, il développe un complexe d’infériorité à la
maison. Il lui faut trouver un autre cadre plus valorisant
et épanouissant.
A cet effet, les facteurs sociaux qui prévalent
dans notre société, tels que l’instabilité familiale,
l’instabilité des normes, des valeurs sociale
et religieuses, des conditions économiques et
sociales, rendent très difficiles pour ces enfants
la mobilisation nécessaire dans un milieu en constante
mouvance. Des comportements, qui trouvaient un supplément
dans un cadre de vie traditionnellement bien bâti,
manquent de cadre et de compensation et se traduisent
par un excès de fugue.
Aussi, l’attrait pour les contre-valeurs, la contre-culture,
le goût de l’aventure et du changement constituent
des facteurs sociologiques généralement
associés à la fugue.
Outre les facteurs précipités qui conduiraient
les enfants et les jeunes à la décision
de quitter leur lieu de résidence, nous pouvons
aussi citer la transmission intergénérationnelle
du comportement de fugue. Les enfants dont les aînés
ou les parents ont fugué seraient plus explosés à la
fugue que d’autres. Des parents fragiles, peu sûrs,
en carence affective, ne sont pas toujours à même
d’offrir plus à leurs enfants. Il en est
de même des jeunes carenciers affectifs qui choisissent
d’être encadreurs des KA. C’est une
bonne compensation pour eux, mais ils ne peuvent efficacement
encadrer et aider les KA.
Conclusion
La fugue reste donc enracinée dans la façon
dont les parents et les enfants interagissent et que
des modes d’interactions négatifs peuvent
se répéter d’une génération à l’autre,
sans que ce soit une norme absolue.
En
effet, dans les années 50, on avait décrit
le détachement affectif des enfants fugueurs à l’égard
de leurs parents ou de leurs substituts. Au cours des
années 60, la primauté a été accordée à une
tentative de dissociation envers les valeurs sociales
conventionnelles. Durant les années 70, les chercheurs
avaient relevé les ruptures d’attachement
avec la famille, l’école et la communauté.
Ces ruptures avaient été attribuées,
dans les années 80, aux ravages de l’abus
physique ou verbal. L’ensemble des recherches sur
la fugue démontre l’importance de renouer
les liens entre les enfants et leurs familles, leur communauté ou
leur ressource d’accueil et de mettre toutes ces
causes ensemble pour bien les traiter.
Intervention
auprès des jeunes en fugue
Pour
bien intervenir, il est important d’identifier
d’abord les besoins des jeunes de la rue qui conduisent à un
type particulier de comportement mais aussi les comportements
déclencheurs chez mes parents pour aider les uns
et les autres à bien bâtir :
- Ils acquièrent vite des habiletés à la
communication spécifique
- Ils adoptent vite des attitudes
qui dénotent la déviance sociale (décision
quant à la sexualité, à la drogue,
au vol, attitude de victimisation). En effet, les
jeunes dans la rue développent et utilisent
davantage des stratégies de survie déviantes
Ces indications permettent aux intervenants d’apporter
des ressources nécessaires aux jeunes afin de
leur permettre de développer un climat de confiance
dans les habiletés à fonctionner dans le
milieu d’hébergement.
Certes,
les enfants de la rue sont composés des jeunes
qui ont été fui une situation désespérante,
des jeunes qui ont quitté la maison par aventure
ou entraînés par des amis, des jeunes qui
ont été chassés par les parents
ou les membres de famille et les jeunes dont la famille était
trop éprouvante pour y rester.
Mais au regard de cet ensemble, nous pouvons relever
dans la fugue un double message de fragilité affective
et de capacité de réaction de l’individu :
On y perçoit une demande d’aide : affection, éducation,
protection, mais aussi une revendication d’autonomie.
Ainsi,
une évaluation minutieuse des motivations sous-jacentes à la
fugue constitue le préalable nécessaire
et indispensable à toute bonne intervention. Trois
orientations majeures peuvent être établies :
- L’approche psychothérapique doit être
centrée sur l’enfant fugueur, sa capacité d’introspection,
sa motivation à changer ses comportements,
ses attitudes et ses perceptions de soi et des autres.
Les Objectifs particuliers
sont ainsi décrits :
acquérir ou renforcer l’estime de soi,
encourager la communication et la socialisation,
développer l’autonomie
définir une identité propre
canaliser et contrôler les pulsions et les impulsions
cultiver la projection de soi dans l’avenir et
encourager la mobilisation dans un projet de vie.
A ces fins, le psychologue thérapeute adoptera
un rôle de substitut parental tolérant qui
encourage, par compromis ou négociation, l’autonomisation
du jeune à l’intérieur d’un
certain encadrement.
- L’approche familiale : L’intervention
auprès de la famille se centre sur l’amélioration
de la communication parent – enfant fugueur.
Les Objectifs seront les suivants :
Etablir
ou rétablir la communication,
Améliorer la compréhension réciproque des besoins
et des attentes de chacun,
Favoriser une plus grande harmonie familiale
Aider les parents à assumer davantage leurs responsabilités
Dans
tous les cas où cela s’avère impossible,
il faudra privilégier une vie indépendante
ou un milieu de substitut. Le thérapeute doit
créer un contexte sécurisant et rassurant
dans lequel les parents peuvent s’ouvrir aux sentiments
et besoins à l’égard de leurs enfants,
et identifier des stratégies de résolution
de problèmes plus efficaces afin de résoudre
les conflits.
- L’approche communautaire : L’intervention
structurelle et communautaire vise à renforcer
l’identification personnelle du fugueur à la
société. En effet, le rejet de l’institution
(familiale ou autre) souvent rencontré par
les fugueurs doit être contré en développant
un profond sentiment d’appartenance à sa
communauté, à sa société, à son
clan, sa famille.
Les Objectifs sont :
- renforcer les liens d’intégration
aux milieux familial et scolaire,
- renforcer les liens d’identification
personnelle à la famille, à l’école, à la
tribu,
- réduire les conditions stressantes,
frustrantes qui affaiblissent l’intégration
sociale et les liens avec les modèles d’identification
personnelle ; et
- réduire les contacts avec
les pairs délinquants par la canalisation
des intérêts de l’enfant vers
des associations avec des jeunes non déviants.
En réponse au désengagement massif des
enfants et des jeunes, une mobilisation semble s’imposer à trois
niveaux :
- individuel : par l’implication
dans un projet de vie,
- familial :
par la détermination d’une place et
d’un contexte sécuritaire,
- communautaire : à l’école,
dans les institutions d’accueil ou sur le marché d’emploi.
A un niveau plus large, nous pouvons suggérer
le développement de politiques sociales axées
sur les points suivants :
L’identification précoce
des populations à risque
- Le développement de réseaux
de soutien pour les familles, particulièrement
pour les mères adolescentes et les familles
monoparentales ou sans emploi (et pauvres)
- La promotion de programmes d’éducation :
ici l’école constitue un champ privilégié d’intervention
- Les politiques sur l’enfance
promouvant la continuité, la stabilité et
la persistance des relations avec les parents biologiques
ou d’adoption, la communauté ou l’école,
- L’utilisation, dans les programmes
d’éducation, des stratégies créatives
favorisant l’implication des jeunes (formation
des réseaux de pairs, aidants naturels réduisant
le sentiment d’aliénation, redistribution
des tâches de travail, promotion de l’attachement
des jeunes à l’égard du personnel).
Max KUPELESA
Ilunga, sj
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