Les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont bien cultivées.
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Etat de lieu de l'enseignement en RDCongo

Introduction

   Après avoir remporté la bataille de la "quantité" en ouvrant ses portes aux enfants congolais, l'école congolaise doit encore relever le défi de la "qualité" de son enseignement, dont les performances sont jugées les plus faibles de la planète. Deux chiffres planent avec insistance sur les débats : sur 100 élèves, seuls 50 parviennent à terminer leur cycle primaire et surtout, à peine 20 maîtrisent réellement les apprentissages fondamentaux (lire, écrire, calculer et raisonner pertinemment). Les petits efforts pour élargir l’accès à l’éducation ne s’accompagnent des mêmes efforts en termes de qualité, mais surtout les enfants non scolarisés sont encore trop nombreux. Les causes de cet échec sont multiples. Certaines sont clairement identifiées, de la mauvaise politique de l’éducation au manque de planification efficace, des infrastructures, du matériel pédagogique, en passant par la faiblesse des ressources affectées à l'éducation par les Etats et au mauvais fonctionnement. Certaines sont évidentes. "La pauvreté, qui ne permet pas à une large part de la population de scolariser les enfants, mais surtout à l’Etat d’allouer les fonds nécessaires à la réhabilitation et à l’équipement adéquat, les conflits, la mauvaise gouvernance constituent des obstacles à un enseignement de qualité, etc. D'autres sont liées à l'héritage colonial. "Beaucoup d'enfants ne découvrent la langue d'enseignement que lorsqu'ils entrent à l'école". Certaines études montrent que les résultats des enfants sont s’améliorent lorsque l'école est dispensée dans la langue maternelle. D’autres causes enfin restent à cerner, elles concernent la disponibilité et la qualité des enseignants en termes de satisfaction et de motivation professionnelles mais aussi en termes de professionnalisme et leadership scolaire.

Certaines solutions sont donc connues. Les résultats prometteurs de nombreux établissements bien organisés et bien gérés qui fonctionnent à merveille avec des bons rendements, mais aussi des projets ou expériences tentés aux quatre coins du continent l’ont prouvé : au Malawi, la suppression des droits de scolarité a fait faire un grand bond aux inscriptions de nouveaux élèves, notamment parmi les plus pauvres ; au Mali et en Zambie, le taux de réussite des élèves scolarisés dans les écoles bilingues a progressé de façon spectaculaire. Mais, de l'avis général, des efforts considérables doivent encore être accomplis pour commencer à redresser la barre, de la part du gouvernement comme des bailleurs de fonds. Notre Etats doit s'engager plus et surtout mieux en faveur de l'éducation. Il doit déterminer ce qui est essentiel pour une éducation de qualité.

Il faut aussi relever le défi du nombre, au regard des tas des enfants de la rue, des enfants scolarisables mais non scolarisés, de la faible capacité d’accueil dans l’enseignement supérieur et universitaire, je suis inquiet et effrayé. Comment peut-on se permettre un tel gaspillage dans un monde où les pays développés ne cessent de nous montrer la valeur du travail en comptant les chômeurs ? Comment peut-on se permettre un tel gaspillage des ressources humaines en parlant de développement ? On doit se mobiliser pour une véritable éducation de masse dans notre pays. L’éducation n’est pas un luxe, c’est un droit pour tout enfant. Les chiffres que vous verrez doivent réveiller votre conscience, vous inciter à agir en faveur d’un grand projet de l’éducation pour tous les enfants congolais.

COUVERTURE SCOLAIRE PAR NIVEAU ET PAR PROVINCE

Provinces

Ecoles

%

Elèves

%

Kinshasa

734

61.1

40568

62.1

Bas-Congo

83

9.9

5070

7.8

Bandundu

29

2.4

1789

2.7

Equateur

9

.8

735

1.1

Province orientale

73

6.1

4222

6.5

Nord Kivu

66

5.5

1101

1.7

Sud Kivu

76

6.3

3839

5.9

Maniema

0

0

0

0

Katanga

48

4

2974

4.5

Kasai oriental

61

5.1

4091

6.3

Kasai occidental

22

1.8

906

1.4

Total  du pays

1 201

100

65 295

100

Source : Direction de la Planification et des statistiques scolaires EPSP, 2002.

La même année, le nombre d’écoles primaires s’élevait à 19 319 écoles, 155 327 classes  avec 158 523 enseignants. La population scolarisable de 6-11 ans était estimée à 9070708 enfants dont seulement 5449970 enfants étaient scolarisés. On le voit, 3629738 enfants n’étaient pas scolarisés en 2001-2002. Ces données se répartissent de la manière suivante :


Tableau 2  : Répartition des écoles primaires par province

Provinces

Ecoles

%

Elèves

%

Scolarisables

Kinshasa

2 089

10.8

663375

12.1

1 180 037

Bas-Congo

1426

7.4

445214

8.2

541 699

Bandundu

3600

18.6

796293

14.6

1 022 505

Equateur

1937

10.

407489

7.4

944 849

Province orientale

1753

9.1

497976

9.1

968 572

Nord Kivu

2094

10.8

635199

11.6

780 464

Sud Kivu

1.345

6.9

433535

7.9

670 437

Maniema

574

2.9

135056

2.5

216 928

Katanga

1715

8.8

532273

9.7

1 291 244

Kasai oriental

1275

6.6

319722

5.8

833 861

Kasai occidental

1511

7.8

592808

10.8

622 093

Total  du pays

19319

100

5449970

100

9 070 708

Source : Direction de la planification et des statistiques scolaires EPSP, 2002.


Il ressort de ce tableau une répartition inéquitable des écoles la province de Maniema est de loin la moins bien servie, alors que la province de Bandundu a deux fois plus d’écoles primaires que la plupart des provinces.

            Pour l’enseignement secondaire,  en 2001-2002, il y avait 8 257 écoles secondaires, 110 157 enseignants et 1 600 000 élèves dont 590 000 filles.  Mais les enfants de 12 – 17 ans pouvant être scolarisés étaient estimés à 7 452 300 dont seulement 1 612 214 étudiaient. Comme les écoles primaires, les écoles secondaires existantes sont faiblement fréquentées et  inégalement réparties sur le territoire national. La ville de Kinshasa a un nombre important d’écoles avec le nombre le plus élevé d’élèves, alors que la province de Bandundu a le plus grand nombre d’écoles mais un nombre d’élèves inférieur à celui de Kinshasa et supérieur à celui des autres provinces. Le Katanga qui a un nombre d’enfants scolarisable supérieur à celui de Kinshasa a peu d’écoles. Par contre, l’Equateur, la province orientale et les deux Kasai, qui sont moins bien pourvus, se situent tout de même au-delà de la province de Maniema qui a le nombre d’écoles le plus bas et la population scolarisable la plus réduite comme cela apparaît dans le tableau ci-dessous.


Tableau 3  :  Répartition des écoles secondaires par province

Provinces

Ecoles

%

Elèves

%

Scolarisables

Kinshasa

1219

14.8

357 791

22.2

1 010 476

Bas-Congo

753

9.1

154 918

9.6

460 498

Bandundu

2 275

27.6

349 521

21.7

869 811

Equateur

706

8.5

89 165

5.6

793 300

Province orientale

516

6.2

81 467

5.0

760 150

Nord Kivu

598

7.2

116 265

7.2

607 381

Sud Kivu

545

6.6

113 606

7.0

534 297

Maniema

220

2.7

30 466

2.0

168 821

Katanga

518

6.3

126 470

7.8

1 010 602

Kasai oriental

489

5.9

113 064

7.0

707 971

Kasai occidental

418

5.1

79 481

4.9

529 300

Total  du pays

8 257

100

1612214

100

7 452 606

Source : Direction de la planification et des statistiques scolaires de l’EPSP, 2002.


Dans l’enseignement primaire, au niveau national, il y avait en 2001-2002, 57.2 % des garçons et 42.8% des filles. Si aucune province n’atteint la parité au niveau secondaire, la ville de Kinshasa s’y approche avec 48.9% des filles scolarisées.

            Concernant le ratio élèves/enseignants au primaire, la moyenne nationale est de 34 élèves par enseignant, alors qu’au secondaire, la moyenne nationale est de 15 élèves par enseignant.  Les élèves devraient normalement bénéficier d’un encadrement très efficace, malheureusement le taux d’achèvement et le taux de réussite aux examens d’Etat indiquent le contraire.

 

            Accès à l’éducation

 

            En plus du faible taux de scolarisation au primaire, la faible efficacité entraîne un taux de scolarisation encore très bas au secondaire, car le nombre d’enfants qui terminent le primaire est faible.

 

Tableau 4  :  Taux brut d’admission au primaire par sexe et par province

Provinces

Garçons

Filles

GF

Kinshasa

54.4

56.1

55.2

Bas-Congo

91.2

82.2

83.2

Bandundu

102.2

81.5

94.4

Equateur

53.5

39.0

53.5

Province orientale

61.1

50.9

55.9

Nord Kivu

113.6

85.2

99.3

Sud Kivu

87.3

66.2

76.7

Maniema

75.6

59.5

67.5

Katanga

43.1

35.7

39.3

Kasaï oriental

93.5

78.2

85.9

Kasaï occidental

69.2

54.0

61.6

Total  RDC

73.6

60.7

67.1


Tableau 5  :  Taux d’admission net au secondaire par sexe et par province

Provinces

Garçons

Filles

GF

Kinshasa

25.5

26.4

25.9

Bas-Congo

26.0

17.8

21.8

Bandundu

33.2

20.1

26.5

Equateur

11.2

4.5

7.6

Province orientale

8.7

5.2

7.0

Nord Kivu

17.1

9.7

12.4

Sud Kivu

12.8

6.6

9.7

Maniema

14.3

5.8

10.0

Katanga

10.6

6.0

8.3

Kasaï oriental

16.8

6.1

11.5

Kasaï occidental

14.4

5.1

9.7

Total  RDC

17.3

11.0

14.1

 

Un taux très bas au niveau secondaire qui traduit l’inefficacité de l’école primaire congolaise. Le nombre d’élèves qui terminent le primaire est trop réduit, cela se répercute sur le taux de scolarisation au secondaire. La situation est donc grave.

 

 

            En conclusion,  le bilan qui se dégage est que malgré quelques efforts et quelques progrès d’ordre quantitatif, les problèmes de qualité restent graves et la situation est inquiétante. La qualité de notre système éducatif demeure très insuffisante. Or, parmi les axes majeurs du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et le sous-développement, l’éducation est concernée en tant qu’instance de production du capital humain capable de contribuer à a croissance économique. Il faut donc construire un socle sur lequel toutes les stratégies d’amélioration doivent s’appliquer pour arrêter la dégradation et engager le système dans une perspective d’amélioration de la qualité et accueillir plus d’élèves.

 

 

COUVERTURE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE EN RDC

Tableau 6 :   Répartition des établissements publics de l’ESU en 2003 par province

PROVINCES

ETABLISSEMENTS

Places assises

Nombre d’Etudiants

Kinshasa

14

41 434

88 605

Bandundu

22

6 216

5 282

Bas-Congo

12

1 906

2 820

Equateur

11

2 719

4 143

Kasaï Occidental

11

2 230

2 340

Kasaï Oriental

10

3 719

6 553

Katanga

15

16 664

25 816

Province orientale

13

10 378

8 381

Maniema

12

1 095

1 095

Nord Kivu

16

1 170

2 665

Sud Kivu

6

2 630

4 223

RDC

141

90 161

151 823

 

Tableau 7  :  Répartition des établissements privés de l’ESU en 2003 par province

PROVINCES

UNIVERSITES

INSTIT. SUPER.

ECOLES SUPER.

Kinshasa

16

31

12

Bandundu

0

10

0

Bas-Congo

5

8

0

Equateur

3

11

0

Kasaï Occidental

2

12

0

Kasaï Oriental

2

8

0

Katanga

3

6

0

Province orientale

7

9

0

Maniema

3

9

0

Nord Kivu

0

2

0

Sud Kivu

6

22

0

RDC

47

128

12

APPRECIATION CRITIQUE

Tableau 9  :   Structure de la population congolaise estimée à 60 millions

Age

%

Moins de 20 ans

59 %

20 – 59 ans

38 %

Plus de 60 ans

3 %

Tableau 10 :  Populations scolarisables, scolarisées et non scolarisées en 2003

 

NIVEAU

Populations de 6 à 20 ans

scolarisables

scolarisées

Non scolarisées

Primaire

9 070 708

5 449 970

3 620 738

Secondaire

7 452 606

1 612 214

5 840 392

ESU

-

189 10 8

 

 

Ces chiffres parlent eux-mêmes plus cruellement de la sous-scolarisation total et du gaspillage des ressources humaines que représente la jeunesse. En effet, comme le montrent ces tableaux, notre école primaire accueille trop peu d’élèves, son efficacité est nulle. L’école secondaire qui devait consolider les acquis du primaire est aussi défaillante et son efficacité est infime. En outre, tous les établissements d’enseignement supérieur et universitaire totalisent seulement 39 638 places assises ! Le taux d’échec et d’abandons est énorme pour le petits nombre accueilli : les taux de redoublement et d’abandon représentent 38 % en première année et 29 % en deuxième année.  L’efficacité interne est dérisoire.

 

            Comment peut-on parler de développement, de lutte contre la pauvreté si des générations des jeunes sont condamnées à vivre comme si l’école n’existait pas encore, comme si l’école était un luxe pour eux  ? Et pourtant, l’éducation est la clé du développement. La Banque mondiale établit ainsi une « une relation positive significative entre le nombre d'inscrits dans les disciplines scientifiques et techniques en 1970 et la croissance économique du pays » enregistrée par la suite. Le luxe va rarement sans les sciences et les arts et jamais ils ne vont sans lui » déclarait Jean-Jacques Rousseau, en 1750.

                                  Max  Kupelesa Ilunga 


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