Les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont bien cultivées.
   
   
   
EDUCATION  A  L’ENTREPRENEURIAT EN RDC

--------Introduction

--------La création d’entreprises, et d’une façon plus large, l’entrepreneuriat sont aujourd’hui unanimement reconnus comme étant de puissants phénomènes vitaux pour les sociétés post-industrielles, par leur contribution à la régénération et au développement des économies.

        L’entrepreneuriat est le moteur qui entraîne l’économie de nombreuses nations dont la croissance est largement expliquée par le taux et le rythme des innovations et des créations d’entreprises ou d’activités. L’entrepreneuriat apporte, par ailleurs, des bénéfices aux individus qui peuvent trouver, dans les situations entrepreneuriales, des sources de satisfaction, d’accomplissement personnel et des opportunités d’entrée ou de développement de carrière.

        L’entrepreneuriat concerne donc tous les pays,toutes les catégories et toutes les générations d’individus dans chaque pays. Il doit donc faire l’objet d’enseignement et d’entraînement pratique. Et surtout, dans un contexte où, publiquement certains journalistes de RFI posent la question de savoir si les Africains ont l’esprit d’entreprise, sans perdre le temps à chercher le pourquoi de la question, il s’avère impératif et urgent d’inscrire cette branche au programme scolaire et académique. C’est une des innovations à ne pas manquer.

         L’enseignement de l’entrepreneuriat

         Depuis de très nombreuses années aux Etats-Unis, pays précurseur, les universités offrent des cours et des programmes en entrepreneuriat. L’éducation et la formation dans le domaine de l’entrepreneuriat répondent à des objectifs stratégiques multiples et à une demande sociale bien déterminée.

        Les objectifs concernent la sensibilisation des étudiants pour les inciter à voir, dans la création d’entreprise, une option de carrière possible, et pour développer en eux des attitudes positives et favorables vis-à-vis des situations entrepreneuriales : apprendre à créer et apprendre à gérer ses créations.

        Ces objectifs peuvent tourner également autour du transfert et du développement des connaissances, des compétences et des techniques spécifiques destinées à accroître le potentiel entrepreneurial des étudiants. A ce niveau, il s’agit de mieux les préparer à penser, analyser et agir dans des situations particulières et des milieux différents (petites et moyennes entreprises) en tant qu’entrepreneurs.

        L’accroissement de la demande d’éducation et de formation en entrepreneuriat est multi-sources. Nous pouvons décrire seulement les trois plus importantes. La première source est gouvernementale : la croissance économique, la création d’emplois, le renouvellement des entreprises, les changements technologiques et politiques et l’innovation dépendent très largement, dans le paradigme post-industriel, des créations d’entreprises et d’activités. D’où l’intérêt croissant, chez les gouvernants, pour les entrepreneurs et d’où des questions du type : Comment et où susciter des vocations entrepreneuriales ? Comment éduquer et former les futurs entrepreneurs ? Un gouvernement qui inscrit son projet dans le développement durable doit savoir susciter et promouvoir l’entrepreneuriat.

        La seconde source vient des étudiants : ceux, tout d’abord, qui envisagent à très court terme ou à long terme, de créer leur entreprise ; ceux, ensuite, qui souhaitent acquérir des connaissances indispensables, selon eux, au bon déroulement de leur carrière dans des entreprises quelle qu’en soit la taille. Ces dernières s’intéressent de plus en plus à l’entrepreneuriat et orientent progressivement leurs approches de recrutement de jeunes cadres vers des individus dotés des connaissances, compétences, attributs et parfois des expériences utiles et indispensables à l’acte entrepreneurial.

        Les petites, moyennes et grandes entreprises constituent la troisième et dernière source. Elles semblent privilégier, aujourd’hui, d’autres compétences et comportements managériaux au niveau de leurs cadres, qui induisent une évolution des processus et méthodes d’apprentissage, lesquels passent du mode didactique au mode entrepreneurial.

         Enseigner  l’entrepreneuriat au Congo ?

         La RDC a impérieusement besoin d’entrepreneurs congolais compétitifs et compétents pour créer des entreprises et des emplois, pour relancer l’économie nationale pour le bien-être de tous. La RDC a corrélativement besoin que son système éducatif joue un rôle primordial dans l’éveil des élèves, la formation des étudiants à l’entrepreneuriat et dans la préparation de fins entrepreneurs.

        L’enseignement de l’entrepreneuriat est encore inexistant dans les écoles et les universités congolaises. Ceci explique, sans doute, le fait que la culture de la création d’entreprise passe par quelques familles, et beaucoup d’entrepreneurs congolais actuels n’ont fait qu’acquérir des entreprises nationalisées qu’ils n’ont pas d’ailleurs su rendre plus compétitives. La culture de la création d’entreprise ne passe pas encore par le système éducatif. On comprend mieux pourquoi la création d’entreprise par des jeunes ou des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et universitaire représente un phénomène plutôt marginal. Il ne suffit pas d’avoir quelques ONG dépendantes des aides extérieures et dont on ne reçoit d’ailleurs que des miettes.  On doit sortir de la culture de mendicité pour une culture de la créativité et des initiatives élevées. C’est cet esprit, et surtout nos compétences reconnues qui attireront d’autres investisseurs dans notre pays. Il ne suffit pas de créer le cadre et les conditions, il faut que d’autres investisseurs voient et apprécient nos talents, notre sérieux, nos compétences et notre sens des affaires.

        Il conviendrait donc de réaliser une bonne étude identifiant les meilleures pratiques en matière d’enseignement de l’entrepreneuriat afin de les diffuser plus largement dans les écoles, les instituts supérieurs et les universités de la RDC pour éviter d’aller, chaque jour, chercher des investisseurs à l’étranger. Et comme notre économie n’est pas fameuse, nos écoles mal cotées, les vrais et les bons entrepreneurs, habitués au principe de la compétitivité des consommateurs fortunés, ne mordent jamais, alors nous ouvrons grandement nos portes aux plus mauvais entrepreneurs asiatiques qui, faute de culture humaniste, en sont encore au stade de l’exploitation des Noirs. Ce n’est pas non plus avec une économie rudimentaire et informelle qu’on peut parvenir à une économie forte et compétitive, gage d’un vrai  et durable développement. Il faut susciter dans la jeune population des capacités d’inventivité et de prise en charge, notamment en ce qui concerne la gestion des affaires, le sens des affaires.   

         L’entrepreneuriat constitue une compétence de base indispensable qui doit être acquise à travers l’apprentissage tout au long de la vie. Il convient donc de promouvoir l’enseignement de l’entrepreneuriat à tous les niveaux d’études, de l’école primaire à l’université afin de développer les qualités personnelles et de former à la création et à la gestion de l’entreprise. Un vrai projet de développement doit d’abord viser le développement des capacités créatrices, un haut niveau de technicité et des compétences de gestion efficace.

        Au regard des expériences de nationalisation, des pillages, etc. les investisseurs sont très réticents, et ceux qui acceptent de venir chez nous étudient déjà les modalités plus efficaces pour ne pas perdre leur argent en cas des troubles. Il y a donc une rationalisation du personnel, et ce sont surtout des sociétés qui optent de produire ce qui est consommable dans un délai très bref. Tel est le cas des télécommunications qui vendent très cher les plus mauvais téléphones ou les séries dépassées dont on ne fabrique plus les piles et qui privilégient le prépayage. Elles mettent entre les mains des pauvres gens qui ne savent même pas où recharger les batteries faute d’électricité.  Visiblement, il s’agit de faire des affaires de façon immorale, escroquant les pauvres à qui on payer des téléphones pour un usage dérisoire.

        Les objectifs à poursuivre dans l’enseignement à l’entrepreneuriat consistent à sensibiliser les élèves au fait que l’activité indépendante représente une grande possibilité de carrière (l’idéal étant que chacun peut devenir non  seulement un salarié, mais aussi et surtout un chef d’entreprise), à promouvoir les qualités personnelles en rapport avec l’entreprise (créativité, sens de responsabilité, capacité de risque) et à fournir les compétences techniques et commerciales nécessaires pour créer et gérer une entreprise. Pour y parvenir, on se servirait volontiers des exemples de meilleures pratiques managériales du monde comme modèles-types à exploiter.

       L’enseignement de l’entrepreneuriat dans les instituts supérieurs et dans les universités congolaises devrait favoriser et développer :

  1. les compétences managériales : la capacité à résoudre les problèmes, la capacité d’organisation, de planification, de prise de décision, de prise de responsabilité,
  2. les compétences sociales : la coopération, le travail en groupe, la capacité d’apprentissage autonome de nouveaux rôles et de nouvelles compétences,
  3. le développement de la personnalité : la confiance en soi, la motivation continue, l’esprit critique, la capacité de réflexion personnelle, l’endurance et la persévérance,
  4. les compétences entrepreneuriales : savoir apprendre de façon autonome, sens de l’action, créativité, capacité de risques, capacité de concrétisation des idées, capacité de gestion, de relations stimulantes, bref, le vrai sens des affaires.

 Pour conclure, l’entrepreneuriat n’est pas simplement un moyen, une technique pour créer une entreprise, c’est surtout une stratégie globale et une attitude générale à développer en chacun dans la vie quotidienne et dans toutes les activités professionnelles. L’entrepreneuriat est désormais un important fondement de la croissance et du développement durable. Pour impliquer tout le monde à sortir de la petite économie de survie qui laisse tout l’espace aux étrangers, il sera important d’instituer la journée nationale de l’éducation à l’entrepreneuriat. Il ne suffit plus d’aller quémander des aides et des prêts auprès de bâilleurs, il faut aussi et surtout développer ces habiletés créatrices d’un développement sûrement durable.

-------------------------------------------------------------------------Max Kupelesa Ilunga, sj


 

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