Les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont bien cultivées.
   
   
Freud et l'interprétation des rêves

-------Projet et démarche
       
        En 1899, à 43 ans, Freud achève d’écrire l’Interprétation des rêves : le rêve y apparaît comme la voie royale permettant d’interpréter l’inconscient.  L’idée d’interprétation, de recherche de signification et du sens du rêve, perçu comme le lieu d’une activité originale, forme le noyau du livre de Freud.

        Le projet de Freud est de montrer que l’Inconscient est le psychisme lui-même et son essentielle réalité. Il analyse avec méthode et de façon progressive le rêve, en mettant en évidence sa logique interne et ses mécanismes fondamentaux(déformation, déguisement, travail de rêve, etc.)de façon à présenter une psychologie du rêve : le rêve dévoile la persistance de ce qui est réprimé (réfoulé) et permet donc d’accéder à l’Inconscient. La conscience nous renseigne sur l’inconscient d’une manière incomplète. Cet ouvrage donne à voir que la psychanalyse est l’art d’interpréter.

         Analyse de l’œuvre

         Freud fait d’abord un état de la littérature scientifique concernant les problèmes du rêve, essentiellement celle du XIXè siècle, et la classe par thèmes : relation du rêve avec la veille, le matériel du rêve, les théories du rêve, etc. Ces thèmes indiquent les axes selon lesquels le travail de Freud s’est développé. Puis Freud note que la conception scientifique du rêve s’est peu développée. Mais l’inventaire historique fait ressortir la nécessité d’une approche interprétative et la nouveauté du travail est que  tout rêve apparaît comme une production psychique qui a une signification et qu’on peut accéder parfaitement dans la suite des activités mentales de la veille.

        Puis Freud présente la méthode d’interprétation des rêves : pour lui, le rêve est susceptible d’être interprété, décrypté, mis en lumière dans sa réalité psychique, comme un phénomène doté de sens.

        Interpréter un rêve signifie indiquer son sens, le remplacer par quelque chose qui peut s’insérer dans la chaîne de nos actions psychiques.  A partir d’un exemple, Freud montre que le rêve peut être décodé. Dès lors, le rêve, doté d’un sens, cesse d’apparaître comme l’expression d’une activité fragmentaire du cerveau. Phénomène total, il se révèle comme l’accomplissement d’un désir inassouvi, refoulé.

        Pour Freud, l’interprétation du rêve doit rester l’œuvre du rêveur lui-même, seul capable de donner un sens à chaque élément saisi isolément du rêve, et ce grâce aux événements que cet élément évoque chez le rêveur. Le psychanalyste, le charlatan et marabout n’ont rien à interpréter à la place du rêve.

        Le rêve n’est pas un chaos de sons discordants issus d’un instrument frappé au hasard. Loin d’être absurde, le rêve désigne la réalisation déguisée d’un désir refoulé. C’est donc un phénomène psychique. Le déguisement exige l’analyse du travail du rêve et de la déformation qu’il implique. Pourquoi les éléments se déguisent et se déforment ?

Les pensées latentes et le contenu inconscient sont transformés en un produit manifeste. Freud souligne que cette déformation du rêve est le fruit du refoulement et de la censure. Pour quoi le refoulement  et la censure ?

        Pour Freud, il y a chez chaque personne des désirs qu’il ne voudrait pas communiquer aux autres et des désirs qu’il ne voudrait même pas s’avouer à lui-même. Nous pouvons établir un lien entre le caractère désagréable de tous ces rêves et le fait de la déformation du rêve, la déformation du rêve nous apparaît nettement comme le fait de la censure.

        Freud s’attache, en particulier, aux sources d’origine infantile. Le contenu du rêve nous est donné sous forme de hiéroglyphes dont les signes doivent être traduits. Le rêve dispose de nos impressions d’enfance, sa base essentielle.  Freud donne, comme exemple, l’expérience de voler dans les airs avec plaisir, angoisse, etc.

         Le travail du rêve désigne l’ensemble des opérations transformant les matériaux du rêve, les stimuli corporels, etc. en un rêve manifeste, et ce à travers une déformation.

        Le travail de condensation est décrit comme un des mécanismes fondamentaux par lesquels s’accomplit le travail du rêve. Une représentation unique représente à elle seule plusieurs chaînes associatives. Divers éléments sont donc rassemblés en une unité disparate.

        Freud prend aussi en compte le mécanisme de déplacement, où l’intensité d’une représentation se détache de cette dernière pour passer à d’autres représentation originellement peu intenses et il analyse la figuration par symboles.

        En effet, il existe une symbolique du rêve, qui utilise des symboles tout préparés dans l’inconscient. Pour Freud et sa culture, le roi, l’empereur, la reine, etc. représentent les parents du rêveur. Sentiers escarpés, échelles représentent symboliquement l’acte sexuel. Petits animaux et vermines figurent des frères et sœurs, etc.

         Tout cet ensemble aboutit à une véritable logique du rêve, signifiant et porteur de sens. En fait, pour franchir la barrière qu’est la censure qui interdit au contenu refoulé de passer à la conscience, ce contenu se déguise pendant le sommeil, se déplace et jaillit sous forme de rêve. Les bizarreries proviennent de la censure psychique mise en jeu lors de sa formation.

        Freud rappelle que le rêve, acte psychique complet, possède une force pulsionnelle exprimant un désir à accomplir.  Dès lors, Freud relativise le rôle de la conscience dans le psychisme. Pour lui, pour bien comprendre la vie psychique, il faut cesser de surestimer la conscience et voir dans l’Inconscient le fond de toute la vie psychique.

        L’Interprétation des rêves permet à Freud de décentrer le psychisme humain.

         {Pour en savoir plus, lire : Introduction à la psychanalyse}

        ----------------------------- Max Kupelesa Ilunga, sj


 

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