Les hommes sont comme les plantes, qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont bien cultivées.
   
   
Bouffée délirante

Généralités 

C'est une psychose délirante aiguë, un état oniroïde (proche du rêve). L'éclosion du délire est soudaine, de manière polymorphe et transitoire. C'est donc une expérience délirante, vécue avec une conviction absolue. Les anglo-saxons la nomment "- schizophrénie aiguë-". 
Epidémiologie : Le sujet est jeune, ayant parfois un terrain psychopathique ou caractériel.   
Etude clinique 

Le délire : Il apparaît de façon soudaine, d'emblée constitué. Les hallucinations et les troubles du comportement seront là dès le début. De plus, c'est un délire polymorphe ayant pour thèmes la persécution, la grandeur, la toute puissance psychotique, la filiation mégalo-maniaque, la dépersonnalisation, une transformation somatique... etc. Le délirant pourra se donner une mission, souvent ésotérique. Le mécanisme est à base d'hallucination auditive, ou psychosensorielle... avec automatisme mental. Le sujet aura tendance à interpréter. C'est un délire variable en intensité d'un jour à l'autre. Les thèmes délirants sont enchevêtrés sans systématisation (contrairement au délire paranoïaque). Le sujet passe d'un thème à l'autre.  

Le vécu : La conscience vivra ce délire comme une expérience irrécusable, concrète et immédiate. Il y aura ainsi une adhésion absolue du sujet à son délire, avec réactions affectives, motrices.
 

L'altération de la conscience : Le délirant n'est pas confus, et conserve ses repères dans le monde extérieur. Néanmoins il sera hypnotisé par son délire et aura tendance à se couper de la réalité, avec quelques troubles de l'attention.
 
Les troubles thymiques : Ce sont les troubles de l'humeur et du comportement. La bouffée délirante, intensément vécue, entraîne des réactions affectives, avec par exemple une agitation maniaque, de la dépression... On observe une alternance d'agitation et d'inhibition. Il pourra ainsi y avoir un refus alimentaire, des fugues, des voyages pathologiques, des agressions, des comportements clastiques. Généralement le sujet est opposant, avec un comportement inattendu.
 
Les troubles somatiques : Peu marqués au début, ils pourront néanmoins sans traitement devenir plus conséquents (risque de déshydratation par exemple, ou de blessures...). On observe aussi des aménorrhées, des insomnies... etc.  

Evolution 

  • 1/3 des sujets ne fera plus de bouffée délirante.
  • 1/3 en fera à nouveau une ou plusieurs autres.
  • 1/3 évoluera vers la schizophrénie. Cette aggravation de l'évolution tend à prouver à posteriori que le diagnostic n'était pas approprié, et qu'il pouvait alors s'agir de schizophrénie à son début. 

Sous traitement neuroleptique, la bouffée délirante évoluera généralement très rapidement, bien que parfois plusieurs mois seront nécessaires pour en sortir complètement. L'évolution pourra se faire sous la forme de bouffées délirantes aiguës par la suite. Elle pourra aussi aller vers une chronicité, vers la schizophrénie. En cas de systématisation du thème, ou de grande durée de la crise on pourra craindre cette entrée dans la schizophrénie.

Formes cliniques 

Prédominance maniaque : on notera une exaltation, une euphorie proche de l'accès maniaque. La difficulté sera dans l'établissement d'un diagnostic différentiel. On peut néanmoins dire que la bouffée délirante présente un aspect assez désorganisé, à l'inverse de la phase maniaque véritable.  

Prédominance dépressive : e sujet se sentira coupable, indigne, et son délire sera de forme mélancolique.  

Prédominance confusionnelle : la désorientation temporo-spatiale apparaîtra ici plus marquée, avec troubles de la mémoire, non-reconnaissance de l'entourage, baisse de l'attention. On remarque aussi la perplexité anxieuse. Notons qu'une confusion est parfois d'origine toxique ou somatique.
 

Prédominance catatonique : c'est une forme avec prostration, hébétude et mutisme. Le patient ne réagit pas, ne mange pas. Le risque est alors la dégradation somatique. Cette forme peut se traiter par électrochocs. 

Note importante : la bouffée délirante peut être due à une cause somatique et résulter de tumeurs cérébrales, d'encéphalites, ou de l'ingestion de produits toxiques comme le L.S.D. la cocaïne ou le haschich. Il conviendra de dépister les traces de piqûres pour prévenir tout état de manque . 

Traitement 

L'hospitalisation s'impose pour contenir tous les troubles comportementaux, pour contrôler l'alimentation et établir un diagnostic. 

On mettra en route une chimiothérapie à visée anxiolytique et pour faire stopper le délire. En urgence on privilégiera par exemple un neuroleptique sédatif majeur à grande rapidité d'action (comme le Barnetil). Le traitement au long cours sera généralement à visée anxiolytique et sédative. 

On mettra en place des entretiens, assez délicats les premiers temps. Le rôle de l'infirmier sera dans une présence personnelle auprès du patient, avec une attitude cohérente, claire et ferme. Il faudra lui parler, lui expliquer les décisions prises et les projets de soin même s'il ne semble pas entendre.

Envers la famille la même attitude de cohérence sera mise en place, avec déculpabilisation et bienveillance. Le patient, persécuté, amènera la famille à être très réticente quant à l'hospitalisation.

Au niveau du service, il faut redonner des repères, aider la personne à retrouver un rythme de vie adapté à la communauté. Ce sera le début d'une restructuration du patient.

Le rôle infirmier sera aussi dans la surveillance médicamenteuse, en évaluant l'anxiété, les syndromes extra-pyramidaux... etc.

 Max Kupelesa

 

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